Maladie émergente / Maladies émergentes

L'OIE définit les maladies émergentes comme des infections nouvelles, causées par l'évolution ou la modification d'un agent pathogène ou d'un parasite existant.



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Maladie

L'OIE définit (en 2006) les maladies émergentes comme des infections nouvelles, causées par l'évolution ou la modification d'un agent pathogène ou d'un parasite existant. Le caractère "nouveau" de la maladie se traduit par exemple par un changement d'hôtes, de vecteur, de pathogénicité ou de souche.

Le phénomène n'est pas récent (la syphilis ou la peste et quelques pandémies grippales ont été historiquement bien documentées), mais elles semblent en hausse rapide depuis un siècle (quasi-quadruplement en 50 ans)  ; avec la naissance des virus particulièrement pathogènes ainsi qu'à potentiel élevé de pandémie VIH/SIDA, Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), virus de la fièvre du Nil occidental, virus Ebola, H5N1, etc. [1] qui est la première à croiser les données écologiques et sanitaires à échelle planétaire, sur la base de statistiques accumulées depuis 1940. Ces maladies sont fréquemment aussi des maladies animales ou l'animal est parfois utilisé comme modèle pour l'étude des émergences[2].

L'aire occupée par certains parasites et/ou leurs vecteurs potentiels (tiques, moustiques.. ) est aussi en forte augmentation, ce qui préoccupe L'OMS, la FAO et l'OIE surtout concernant le risque de pandémie grippale lié au H5N1.

Les ports et , plus il y a peu de temps, les aéroports ou les détroits se sont fréquemment montrés (depuis le Moyen Âge au moins) des portes habituelles d'entrées d'épidémies ou pandémies, puis d'espèces invasives et/ou porteuses de parasites ou germes pathogènes.

On parle quelquefois aussi de syndrome émergent.

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Une maladie peut être à la fois ancienne, permanente et émergente pour des variants du pathogène en question. A titre d'exemple, la grippe est une maladie ancienne, mais celle qui est induite par le virus IA H5N1 HP est une maladie émergente.

Une maladie peut-être endémique et ancienne dans une partie du monde, mais dite émergente lorsqu'elle apparait dans une région antérieurement indemne. par exemple, parce qu'elle est apparue pour la première fois, dans l'hémisphère nord, en Europe, en août 2006, l'OIE a classé la fièvre catarrhale du mouton comme maladie émergente dans cette partie du monde.

Une maladie quasi-disparue, ou due à un retour d'un variant disparu depuis longtemps peut être ré-émergentes (ex ;Fièvre de la vallée du Rift), ce qui peut se produire lorsque notre dispositif immunitaire n'est plus capable d'y réagir correctement ou lorsqu'elle est devenue maladie nosocomiale. Exemples : leishmanioses, ou Paludisme qui est localement devenu résistant au traitement, qui était jadis présent en Europe, qui pourrait y revenir. On observe des évolutions «récentes et non expliquées» de la répartition de plusieurs vecteurs anophéliens.

Aspects écoépidémiologiques

Ces maladies concernent fréquemment à la fois l'homme et l'animal, y compris les animaux aquatiques (avec un risque accru avec le développement de la pisciculture et les transports intercontinentaux de crustacés, poissons ou coquillages. En Europe, en cas d'apparition d'une maladie émergente dans une pisciculture, l'État membre concerné doit mettre en œuvre les mesures nécessaires afin d'éviter la propagation de cette maladie et informer la Commission et les autres États membres de la situation. (Le cas échéant, la liste des maladies est modifiée en conséquence) [3].

L'étude mondiale publiée dans nature en février 2008 a montré que :

Géographie du risque

L'étude publiée début 2008 par Nature s'est s'appuie sur ;

Ces cartes de risques sont faites à partir de l'analyse des lieux et conditions d'apparition de ces maladies, ainsi qu'à partir de modèles informatiques prenant en compte les corrélations observées entre apparition de maladies émergentes et :

L'étude conclue que si l'Europe de l'Ouest et la côte est des USA ont été une zone de forte émergence depuis 50 ans, selon les modèles éco-épidémiologiques, c'est dans les pays tropicaux que le risque grandit le plus actuellement (Asie du sud et de l'est , Afrique équatoriale) à cause des comportements humains et de l'accroissement exponentiel de la population dans ces zones. Si les cartes pointent l'Europe comme zone à haut-risque, en données corrigées (zones tropicales à surpondérer car moins surveillées ; on y a certainement pas détecté certaines épidémies de ce type), les «points chauds» les pays les plus à risque seraient peut-être ceux de l'Afrique sub-saharienne, l'Inde et la Chine. L'Asie du sud et du sud-est sont deux zones à haut risque de début d'épidémie en raison d'une population dense et croissante, d'un mode de vie facilitant la promiscuité entre homme/animaux domestiques/animaux sauvages et d'une pression forte sur la forêt récente en Asie du sud-est et Amérique du sud, et déjà plurimillénaire en Chine). Qui plus est les voyages augmentent de manière exponentielle dans ces pays.
Des zones à haut risque, mais plus petites en surface (et a priori mieux équipés en moyens de détection précoce et de soins) existent aussi en Europe, Amérique du Nord.

Hypothèses explicatives

  1. L'Homme en voyageant et plus toujours en colonisant de nouveaux milieux, ou en chassant, entre de plus en plus en contact avec une faune sauvage qui lui est immunitairement «étrangère». Il prend contact avec de nouveaux parasites qu'il peut contribuer à diffuser, y compris via ses animaux domestiques (dont chiens et chats véhiculant par exemple des tiques, elles-mêmes porteuses de 3 ou 4 maladies dont la maladie de Lyme ou des rickettsies par exemple).
    Les mammifères, car génétiquement et physiologiquement plus proches de nous, seraient statistiquement les première source de risque, mais on sait que les oiseaux en sont une autre pour certaines maladies, dont la grippe que énormément de mammifères peuvent aussi contracter et diffuser, dont pour certains variants. Ainsi les chiens, chats, cochons et chevaux, proches de l'homme sont sensibles à de nombreux virus grippaux).
  2. Les humains et leur animaux d'élevage et de compagnie circulent de plus en plus, et de plus en plus vite.
  3. La généralisation des antibiotiques dans les soins vétérinaires ou humains, ou alors localement dans la nourriture animale a favorisé l'émergence de souches nosocomiales, de même, paradoxalement, certaines formes d'hygiène (selon le Dr Daszak, certaines souches mortelles de bactéries communes E. coli, se sont répandues beaucoup et particulièrement vite via des produits tels que des légumes crus désinfectés dans de grandes unités agroalimentaires centralisées qui diffusent ensuite leur produit à longue distance. Ces maladies pourraient être un des prix à payer des formes actuelles du développement physiquement mondialisé estime le Dr Daszak).
  4. En détruisant et fragmentant les derniers milieux à haute naturalité, nous repoussons encore plus la faune sauvage dans des territoires de plus en plus exigus, où leur promiscuité et la perte de diversité génétique facilitent les pathogènes et la contagion, alerte le Dr Marc Levy [4].

Lorsque ces 4 facteurs sont réunis, le risque d'apparition et diffusion brutale d'un pathogène devenu ou susceptible de rapidement devenir nosocomial devient particulièrement élevé.
De même, concernant les maladies transmissibles au bétail ainsi qu'aux volailles, les zones d'élevage industriel qui seraient aussi des carrefours portuaires et aéroportuaires sont des zones à risque d'apparition et/ou diffusion de pandémie selon l'OMS, la FAO et l'OIE (par ex pour le H5N1).
Les laboratoires pratiquant l'expérimentation animale sont aussi à risque quuand ils importent des animaux sauvages ou venant de régions à risque.

Pistes de solutions

Plusieurs chercheurs, dont le Dr Kate Jones co-autrice de l'étude insiste sur le fait que la biodiversité et sa gestion conservatoire et restauratoire sont des moyens de limiter le risque d'épidémie et pandémies. Il faut aussi limiter et surveiller les intrusions humaines (autres que populations autochtones anciennes) dans les zones de haute biodiversité. [5]. L'OMS, la FAO et l'OIE encouragent à mieux préserver les élevages des contacts avec les oiseaux et mammifères sauvages, ainsi qu'à mieux surveiller les maladies (surveillance humaine, vétérinaire + écoépidémiologie).
Le Dr Peter Daszak (Wildlife Trust), co-auteur de l'étude mondiale nomme à une surveillance intelligente, en amont, autrement dit dans les hotspot de risque, visant les personnes et animaux à risque. Ceci permettrait selon lui de bloquer les épidémies avant même qu'elle ne s'étendent.

Exemples de maladies infectieuses émergentes

Parmi celles qui sont jugées préoccupantes pour leur gravité en terme sanitaire et/ou pour l'importance de leurs impacts sociaux-économiques potentiels, on trouve par exemple (ordre alphabétique)  :

Causes et facteurs aggravants

Tout contexte d'instabilité écologique, paysagère, environnementale ou sociale (guerre, déplacements de réfugiés, appauvrissement de populations, etc. ) peut faciliter une maladie émergente ou sa diffusion.

Les facteurs suivants semblent compter parmi les premières causes de prolifération des maladies infectieuses.

Un des défis de la recherche est une meilleure pluridisciplinarité entre épidémiologistes et écologues et spécialistes des sciences sociales.

Veille

La bonne gestion de crise sanitaire implique une veille dans le domaine éco-épidémiologique et écologique et une réactivité optimale.

L'OIE, l'OMS et l'ONU soutiennent une veille permanente, et un programme "Glews" (Global early warning system) aidant surtout les 10 pays d'Afrique et 10 pays d'Asie les plus atteints par la grippe aviaire" (virus H5N1).

La Commission européenne a créé un Comité scientifique sur les risques émergents et nouvellement identifiés pour la santé (SCENIHR) et soutient un projet "Eden" (Emerging Diseases in a changing European Environment) avec 48 partenaires dans 24 pays pour étudier, décrire et quantifier les impacts des agents pathogènes/vecteurs et leurs relations avec les modifications écopaysagères et socioculturelles. Eden doit s'appuyer sur la télédétection, la modélisation épidémiologique, mais également les sciences de l'écologie et biodiversité) pour décrire, modéliser et surveiller le fonctionnement des maladies émergentes en Europe. [9]

D'autre part, les autorités de santé animale de Belgique (CERVA / AFSCA) ont mis en place en 2009, en collaboration avec la recherche agronomique française (INRA), un dispositif d'information épidémiologique (émergences2) dédié à la veille sur les maladies animales émergentes. Ce dispositif, qui peut concerner la faune domestique et sauvage, fonctionne via Internet et permet d'apparenter, automatiquement et en temps réel, les cas cliniques d'origine indéterminée semblant relever d'un même processus étiologique et susceptibles de signer l'émergence d'un maladie. Il s'agit, à travers émergences2, d'instituer une "veille sanitaire ouverte et interactive" aidant à la détection précoce d'une maladie ou d'un syndrome émergent. [10]

Voir aussi

Liens externes

Notes

Bibliographie

Thèses

Thèses soutenues :

  1. Global trends in emerging infectious diseases, Kate E. Jones et al. Nature 451, 990-993 (21 February 2008), doi :10.1038/nature06536
  2. Maladies émergentes animales : une exigence renouvelée, des recherches finalisées Vidéos (salon de l'agriculture 2009) mises en ligne par l'INRA
  3. Directive 2006/88/CE du Conseil, du 24 octobre 2006, relative aux conditions de police sanitaire applicables aux animaux ainsi qu'aux produits d'aquaculture, et relative à la prévention de certaines maladies chez les animaux aquatiques ainsi qu'aux mesures de lutte contre ces maladies
  4. co-auteur de l'étude, expert en changement global au Center for Mondial Earth Science Information Network (CIESIN), Earth Institute de l'université Columbia
  5. ("Our analysis highlights the critical importance of conservation work, " said co-author Dr Kate Jones, a research fellow for ZSL. Conserving areas rich in biodiversity from development may be an important means of preventing the emergence of new diseases" ; Interview par BBC News 20 Fev. 2008)
  6. M. Hansen, directeur de l'Institut Goddard d'études spatiales de la NASA, à New York, durant la réunion annuelle 2008 de l'Institut américain des sciences biologiques (AIBS) sur le thème climat, environnement et maladies infectieuses
  7. De La Rocque S. (ed. ), Hendrickx G. (ed. ), Morand S. (ed. ). 2008. Paris : OIE, 613 p.. (Revue scientifique et technique : OIE, 27, 2).
  8. Les forêts et la santé humaine, Unasylva No. 224, Vol. 57, 2006/2 ONU/FAO, Rome, 2006
  9. Cf. Programme EDEN
  10. Les maladies émergentes : un défi pour le développement durable des productions animales. J. Barnouin et G. Vourc'h, INRA Prod. Anim. 2004, 17 (5), 355-363

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 22/11/2009.
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